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Inflation

Essai d’explication du phénomène inflationniste, de ses relations avec la croissance et l’emploi.

Noémie Adam-Cuvillier

Transcrit, non rigoureusement, de l'oral. (Cours d'initiation donné à l'université Paris-Dauphine en 1979)


I– En général, l’inflation est définie comme la hausse cumulative des prix.

Trois corps théoriques


1 – Inflation par les coûts
 
Exemple : les coûts de fabrication augmentent, ce qui donne :
 
                    Prix ➚  ⇒ Salaires ➚  ⇒ Coûts ➚ ⇒ etc.…
 
Dans le prix, il y a un procès de production qui donne le profit.
 
Trois phénomènes inflationnistes se conjuguent et s’interpénètrent
dans l’inflation par les coûts :

— inflation importée,
— augmentation des biens d’équipement
— augmentation des salaires.

 
La formation des prix peut être expliqués par un schéma purement descriptif, comme la spirale amortie ou de Bernoulli.

 
La spirale décrit un phénomène évident. Mais, une fois qu’on la fait fonctionner, elle n’explique rien. Le processus réel étant auto-entretenu, cumulatif, permanent.
 
Une augmentation massive des coûts a une relation certaine, mais en elle-même elle n’a aucune capacité explicative du phénomène inflationniste.

 

2 — Inflation par la demande
 
La demande est en excès sur l’offre ce qui entraîne la surchauffe.

D > O  ⇒ I ➚ ⇒  O = D
_____
    ➥ _______ ⇒ 
Prix ➚ Salaires ➚  

 
C’était l’effet secondaire et pervers de la relance. L’inflation ne faisait que traduire un excès permanent de la demande sur l’offre

 

3 - Inflation soupape de sécurité.

Mérite un développement particulier.C'est une variable socialement contrôlée et (donc manipulée) par les firmes multinationales. Elle s'exprime de façon conjoncturelle, en tant que régulation du système économique à un moment donné. L’explosion des bénéfices fait grimper les prix !

Cette inflation occulte une réalité purement sociale : l'antagonisme de classe  entre profits et les salaires.

 
II - Explication monétariste.

Cette théorie repose sur l’équation de Irving Fisher (1867–1947)

                          

M . V = P. T             M = Volume de la masse monétaire
↓            ↑
➥se lit ➞                    V = Vitesse de circulation de la monnaie
                                    P = Niveau général des prix
                                    T = Transactions réelles


                                    V et T sont des constantes.
 

Basée sur le "modèle de Saint Louis", cette théorie a été réactivée aux USA par le l’illustre Milton Friedman (1912-2006) et l'Ecole de Chicago.

Qu’il y ait une relation entre la masse monétaire et l’inflation, c’est évident. Dire que l’on peut jouer sur l’un pour corriger l’autre est différent.
Le phénomène inflationniste affecte la masse monétaire.

 

Produit national

 
                                               Valeur d’un produit

 

 

 d’où la baisse en valeur unitaire du produit que décrit le phénomène général du progrès technique et de la croissance :
 
     (K/L)1  > (K/L)0   ⇒ V1 <V0   ➡  baisse en valeur unitaire.
 
Le progrès technique, à un moment donné, a pour effet de faire baisser la valeur unitaire du produit.
 

Si nous constatons qu’il y a autant de monnaie en circulation que de marchandises vendues, nous constatons également une augmentation du niveau général des prix :

 
                             ∑ P  >  ∑V  ⇒   P ➚
 
           Il y a dépréciation du signe par l'augmentation de la masse.
 

En effet, la masse monétaire vient s’articuler sur les marchandises pour permettre à celles-ci de s’échanger. Le rôle essentiel de la monnaie est d’être circulatoire. À un moment donné, dans un espace national, on doit avoir les marchandises en valeur qui demandent l’ajustement d’une monnaie en masse.

 
                         MARCHANDISES   ≡    MONNAIE    ( Masse )
                             ( Valeur )                          ( Valeur )
 

L’inflation est la dépréciation du signe monétaire. L’économie ne progresse que par progrès technique. C’est dans la structure même de l’économie que se situe l’inflation, d’où sa référence constante pour justifier les politiques monétaires.

Toute politique anti-inflationniste suppose une limitation du crédit qui freine légèrement le phénomène inflationniste, donc l’émission monétaire.

                 

                    Création de Monnaie   ➘    ⇒  Inflation ➘
                 /
    Crédit ➘                            ➦         Croissance ➘
                 \                                          ↑
                    Investissements  ➘    →➡       Chômage ➚
                                                                   ↓
                                                                     ➥           Inflation ➘

On ne peut avoir de politique anti-inflationniste sans une politique d’aggravation du chômage. La circularité entre inflation, croissance et chômage est d’ordre conjoncturel.

Ce n’est pas l’inflation qui est combattue, mais l’écart des taux. Si les Etats-Unis avaient 20 % d’inflation cela ne gênerait pas l’Europe si elle avait le même taux.
 
À morphologie économique identique, l’écart des taux ne peut s’expliquer que par des écarts de productivité. Ce qui fait l’écart entre les taux , ce sont les différences de productivité (K/L).
 
La monnaie est un moyen de défense et c’est une arme pour les USA. La défense de la monnaie c’est l’autre nom que porte une politique anti-inflationniste.
 
--------------------- ce qui mérite attention :


L’argent est différent de la monnaie. 

Il était la matérialisation de la richesse. Les pièces d’or et de métal secondaire ne servaient pas, ou très peu, à monétiser l’économie. C’était quelque chose que l’on accumulait comme signe de richesse. 

L’apparition de la monnaie était censée servir de troc monétaire tout en étant une marchandise (MARX). Seulement, la monnaie est quelque chose qui n’a jamais eu de contre partie, autre que le travail-marchandise. Ce concept est celui du travail abstrait qui crée la valeur. Le travail existe pour le travail et non plus pour un but extérieur comme la satisfaction d'un besoin par exemple.

La monnaie n'a aucune valeur d’échange. Par contre, l’argent est sa propre contre partie. Le rôle de la monnaie dans l’accumulation du capital est de dissimuler l’exploitation.